Jean-Pascal Hesse © DR
L’ouvrage de Jean-Pascal Hesse « Salon-de-Provence, Mémoires d’une ville » aux éditions Odyssée est une anomalie salutaire dans le paysage littéraire. L’appellation même de l’œuvre est tout un programme. Il ne s’agit pas d’une ‘histoire’, ni d’un ‘répertoire local’, mais de ‘Mémoires d’une ville’, ce qui confère immédiatement au texte une dimension intime, presque murmurée. Cette œuvre d’art, lyrique et historique, ne décrit pas la réalité. Elle la révèle sous un jour nouveau, essentiel.
Un cœur battant pour Salon-de-Provence
Que l’on me permette de déroger à la froideur de l’analyse pour laisser parler le cœur car cet ouvrage n’est pas un simple livre : c’est une déclaration d’amour érudite, un testament vibrant. Jean-Pascal Hesse, loin de dresser un inventaire poussiéreux, insuffle une âme, capture un souffle, transforme chaque pierre de cette cité provençale en une note d’une mélodie infinie.
Ce que l’on tient entre les mains, c’est la clef d’une chambre des trésors intime. On ne lit pas, on respire Salon. On y croise Nostradamus, dont l’ombre protectrice plane sur les pages, mais aussi le simple savetier, le poète oublié, la lumière filtrant à travers le clocher Saint-Michel. Hesse nous offre l’antidote parfait à l’uniformisation du monde : une identité locale puissante, tissée d’Histoire, de légendes et de ce charme inimitable qui fait battre le cœur du Midi.
Une évasion sensorielle
Salon-de-Provence, terroir unique, est ici dépeinte non pas comme une simple carte postale, mais comme une entité vivante, dont la seule évocation suscite une « irrépressible envie de la parcourir, de se perdre dans ses ruelles aux effluves singulières ». C’est un appel à l’évasion sensorielle avant d’être un ouvrage de documentation.
Un manifeste d’amour
L’ambition, réussie, de Jean-Pascal Hesse est titanesque : il érige ce livre en un véritable « manifeste d’amour ». L’auteur, à la fois érudit et passionné, ne se contente pas de relater la ville ; il la « dédie ». Salon-de-Provence devient, sous sa plume, la « ville provençale dont l’essence et le legs historique trouvent ici un écrin d’une élégance et d’une finesse rares ». On sent, à chaque ligne, cette volonté de transcender le document pour atteindre l’œuvre d’art. Irrémédiablement placé dans le panthéon des auteurs qui ont su « ériger la beauté en sacerdoce et l’histoire en une quête poétique », Hesse ne se contente pas d’informer ; il célèbre, il magnifie. C’est la marque des grands livres et des auteurs de talent.
Une introduction de Prestige : la préface de Nicolas Pagnol
La portée de ce livre est immédiatement soulignée par une préface signée Nicolas Pagnol, petit-fils de l’immortel Marcel Pagnol. Ce parrainage n’a rien de fortuit : il « ancre intrinsèquement le travail de Hesse dans le sol fertile de la grande tradition littéraire et cinématographique de Provence ». Pagnol, dont l’ascendance a puissamment modelé l’imaginaire d’une Provence éternelle et lumineuse, salue ici l’entreprise de mémoire et l’impératif de transmission qu’incarne l’auteur. En invitant Nicolas Pagnol à lever le rideau sur ses pages, Jean-Pascal Hesse tisse une trame indispensable entre le passé glorieux de la région et son présent bouillonnant, soulignant la pérennité de cet esprit provençal.
Une plume ciselée : le sceau de l’Elégance et de la Profondeur
Ce qui frappe immédiatement à la lecture, c’est la qualité stylistique de Jean-Pascal Hesse. Sa plume est ciselée, capable de transcender la simple chronique des beautés locales pour « saisir l’âme véritable » de la ville. Les mots, chez Hesse, ne sont pas de simples outils de description ; ils deviennent de véritables « miroirs fastueux de cette lumière si particulière ». C’est une lumière qui n’éclaire pas seulement les façades, mais qui « sculpte les oliviers noueux et dore les tuiles patinées ».
Le regard d’un historien et d’un artiste
Cette capacité à l’évocation le distingue des autres historiens. Son regard est celui d’un artiste. Chaque pas dans la ville, chaque flânerie, se transforme en une « flânerie d’’esthète au cœur d’un patrimoine vénérable et préservé ». L’auteur, déjà admiré pour ses précédents ouvrages consacrés à des figures emblématiques de l’élégance et de l’art de vivre, comme Pierre Cardin, ou à des lieux mythiques comme Capri et le Lubéron, applique la même exigence de raffinement à Salon-de-Provence. Il déploie une « éloquence raffinée et une précision documentaire jamais didactique ». C’est le paradoxe réussi de Hesse : être à la fois rigoureux dans le fait et lyrique dans la forme, évitant l’écueil de la froideur académique. Le texte est une dentelle, où l’information la plus précise est enveloppée dans une étoffe poétique.
Le voyage sensoriel et la portée intemporelle
Hesse manie une prose soutenue, souvent teintée d’une « légère mélancolie » qui confère à ses écrits une dimension intemporelle. Son écriture est l’antithèse absolue de la superficialité. Il plonge « dans la substance des êtres et des lieux, cherchant à dévoiler leur âme profonde ». Son excellence réside dans l’art de l’évocation, où le mot juste n’est pas utilisé uniquement pour décrire, mais pour « faire revivre ».
Lire Jean-Pascal Hesse, c’’est s’engager dans un voyage sensoriel où les images et les sensations sont indissociables de la trame narrative. Sa plume parvient à fusionner l’histoire et l’esthétisme. Qu’il dépeigne la démarche créative d’un grand couturier ou la « majesté austère d’un paysage provençal », il maintient un équilibre délicat entre l’analyse érudite et la contemplation lyrique. Il ne se contente pas de raconter l’histoire, il la ressuscite. C’est un éloge vibrant de la Mémoire et du Patrimoine.
L’ancrage historique et spirituel : Salon-de-Provence
Le livre s’ouvre sur la ville elle-même, Salon-de-Provence, saisie « au détour des ruelles dallées ». Le temps semble y faire une pause « avec une lenteur méditerranéenne ». La ville révélée n’est pas une simple cité, mais « comme un songe tissé de calcaire et de lumière ». Les images sont fortes, évocatrices : « l’ombre portée des cyprès allonge l’attente tandis que les façades, gorgées de soleil, racontent des vies. » L’architecture n’est pas un décor : elle est le miroir de l’histoire. Le château de l’Empéri, forteresse altière, veille sur la ville, soulignant gravement la majesté du lieu, tandis que le jet d’eau de la fontaine moussue ponctue « la mélodie d’un été éternel ». Salon est cette ville où le mistral souffle les légendes du prophète, un lieu où le parfum tenace de l’authenticité est préservé.
Une promenade littéraire et visuelle
Hesse nous offre une promenade littéraire et visuelle à travers les âges et les quartiers de Salon. L’auteur ancre son récit dans la géographie et l’atmosphère de la ville, célébrant des figures tutélaires, qu’elles soient mythiques comme Les Prophéties ou réelles comme Le Génie Civil et l’excellence aéronautique.
Le livre est, en définitive, une œuvre de maturité qui utilise le prisme d’une ville chérie pour explorer des thèmes universels : l’attachement au sol, la puissance du souvenir et la perpétuation de l’histoire. C’est un hommage vibrant, un cadeau précieux qui séduira autant l’amateur d’art que l’historien éclairé ; une invitation solennelle à découvrir la richesse d’un joyau provençal. Ce livre est une « promenade majestueuse, accessible et essentielle » pour comprendre « l’âme et le cœur d’une cité provençale ».
La rigueur de l’Historien passionné d’Esthétisme
L’œuvre de Hesse est donc une exploration constante de l’héritage et de la transmission. L’historien, doté de la faculté singulière de considérer le patrimoine non pas comme une « relique figée » mais comme une « force vive » qui vivifie le présent. Son écriture, profondément humaniste, place l’humain -l’artisan, l’artiste, l’habitant- au cœur du récit qu’il aborde. Il confère une dignité littéraire aux sujets qu’il traite, élevant le simple essai historique au rang d’essai poétique.
Dans ‘Salon-de-Provence, Mémoires d’une ville », cette approche trouve une résonance particulière. L’auteur, en s’attelant au récit de sa propre ville, mobilise non seulement son talent de chroniqueur, mais également sa mémoire d’enfant du pays, enrichissant l’objectivité historique d’une subjectivité touchante et authentique. C’est un gage d’authenticité et l’un des meilleurs garants contre l’écriture stéréotypée.
Jean-Pascal Hesse allie une rigueur d’historien à une passion pour l’esthétisme. Il crée ainsi des ouvrages qui sont à la fois des références documentaires et des objets visuels luxueux. Ses textes s’appuient sur une iconographie abondante et souvent inédite. C’est une démarche qu’il doit beaucoup à sa collaboration de longue date avec Pierre Cardin (il dirige la communication du groupe depuis 25 ans). Cette démarche lui a permis d’acquérir une expertise unique sur l’histoire de la mode, du luxe et de l’art de vivre, qu’il retranscrit dans ses ouvrages.
Hommages et Légendes : le détail du Patrimoine salonais
Le cœur du livre est un recueil de chapitres thématiques, chacun dédié à un pilier de l’identité salonaise. Hesse prend le temps de détailler les aspects qui façonnent la ville et sa mémoire.
L’hommage vivant à Michel de Nostredame (Nostradamus)
Un chapitre entier est consacré à cette figure emblématique. Hesse raconte comment le pharmacien, médecin et astrologue du XVIe siècle choisit Salon pour lieu de résidence et d’élaboration de ses célèbres Centuries. L’auteur explore la façon dont « l’empreinte de Nostradamus imprègne les vieilles pierres de la ville », transformant sa maison en un sanctuaire et son mythe en une aura mystérieuse qui perdure.
Le livre ne s’arrête pas à la légende, il analyse son impact profond sur l’identité locale.
Le Canal de Craponne : Le Génie Civil
Hesse honore la mémoire de Craponne, le génial ingénieur hydraulique du même siècle que Nostradamus. L’opposition est frappante : tandis que l’un contemple les cieux, l’autre pour déchiffrer l’avenir, l’autre s’attaque à la terre. Face à la sècheresse chronique de la Plaine de Crau, Craponne conçoit et réalise avec une audace et une persévérance rares, le fameux canal de Craponne. Ce chef-d’œuvre d’ingénierie, acheminant les eaux de la Durance pour irriguer les terres arides. Avec « l’incarnation du génie pragmatique provençal », c’est un hommage nécessaire à l’intelligence technique qui a rendu la vie possible.
La Patrouille de France : une signature céleste
L’ouvrage opère un saut temporel fascinant pour se tourner vers l’ère contemporaine en célébrant l’institution emblématique de l’Ecole de l’Air et de l’Espace, par extension la Patrouille de France (PAF). La base aérienne 70, où les pilotes d’élite sont formés, confère à Salon une dimension nationale, voire internationale. Avec ses ballets aériens d’une précision chorégraphique absolue et ses panaches de fumée bleu-blanc-rouge, c’est une vitrine de l’excellence française et elle est devenue, pour les salonais, un symbole permanent de fierté et de modernité.
Hesse intègre cette présence dans le milieu urbain, montrant comment « le rugissement des Alpha jets se fond dans le murmure du mistral et fait partie intégrante du paysage sonore et visuel de la ville.
Le Savon de Salon : un patrimoine Olfactif et Tactile
Un chapitre d’une richesse particulière est consacré à l’héritage savonnerie de la ville, pilier incontournable de la fabrication du véritable savon de Marseille. Hesse décrit comment la proximité du Canal de Craponne (apportant l’eau), la présence d’huile d’olive (en quantité dans la région) et l’accès au sel de Camargue ont créé un écosystème industriel parfait. L’histoire des savonneries salonaises est « un témoignage puissant de l’ingéniosité artisanale et de l’endurance industrielle provençale ». Hesse rend hommage à ces Maîtres-Savonniers, gardiens du procédé séculaire au chaudron. Il démontre que le savon n’est pas un simple produit mais un héritage olfactif et tactile qui relie la ville à la Méditerranée et à l’histoire du commerce.
L’héritage Médiéval et Maritime : le Cœur Ancien
Hesse n’oublie pas les figures historiques marquantes, comme le Bailli de Suffren, grand marin dont la bravoure honore la France.
L’architecture du château de l’Empéri offre le cadre à la narration de l’histoire médiévale et militaire de la cité. C’est la pierre angulaire de la mémoire salonaise, le témoin silencieux de l’évolution de la cité.
Des photographies somptueuses : un ouvrage d’art
Ce qui distingue l’œuvre de Jean-Pascal, c’est également sa dimension esthétique. Il est impossible d’évoquer « Salon-de-Provence, Mémoires d’une ville » sans insister sur la quantité et la qualité remarquable de ses photographies. 264 pages rassemblent le travail de plusieurs photographes talentueux, dont Dominique Laugé, reconnu pour son œuvre sur la beauté du monde et exposé aux Rencontres d’Arles. Les clichés, en noir et blanc et couleur, offrent une immersion visuelle totale. Ici, l’image est une composante essentielle et indispensable à la narration ; elle est choisie, non pour illustrer le texte, mais pour « saisir la beauté de Salon et de son art de vivre », transformant l’essai historique en véritable ouvrage d’art. Elle magnifie les prouesses architecturale, l’atmosphère unique des places ombragées et des allées de platanes, l’héritage des savonniers et de la patrouille de France.
Jean-Pascal Hesse, Courte Biographie
Pour comprendre le livre, il faut comprendre son auteur. Jean-Pascal Hesse est un auteur et historien de formation, né à Salon-de-Provence. Il est particulièrement connu pour être le directeur de communication du groupe Cardin. Titulaire d’une maîtrise d’Histoire contemporaine et d’une licence d’Administration Publique, il s’est également impliqué dans la vie politique, élu successivement à Salon-de-Provence et à Paris, et est adjoint délégué à la culture du VIIIe arrondissement de Paris depuis 2020. Il partage sa vie « entre Paris et la Provence. Son double ancrage - dans l’histoire, la communication et la politique culturelle - lui confère une légitimité unique pour traiter ce sujet.
Un ouvrage d’Art à un plus remarquable
En définitive, ce nouvel opus est une véritable déclaration d’amour à la cité des Bouches-du-Rhône, érigée au confluent d’une histoire médiévale, d’un héritage industriel « et d’une modernité aéronautique. Cet ouvrage s’inscrit dans la tradition des beaux livres de qualité et ne saurait être dissocié de son iconographie somptueuse.
Ce qui est particulièrement remarquable, c’est que cet écrin d’érudition et de splendeur visuelle, doté d’une édition soignée (relié, impression quadri), est proposé à un prix terriblement attractif de 39€.
Dans un marché où les ‘’ beaux livres’’ s’affichent souvent à des prix prohibitifs, cette tarification rend l’accès à un pan de l’histoire et du patrimoine provençal disponible à un large public.
C’est une invitation à la découverte à ne pas manquer.
Un manifeste d’Humanité
Pourquoi un tel ouvrage doit-il résonner au-delà de la France ? Parce qu’il transcende sa géographie. Salon-de-Provence devient, sous la plume élégante de Hesse, l’archétype de la ville européenne millénaire. En plongeant dans les ‘mémoires’ de Salon, le lecteur international apprend à décrypter l’âme de sa propre cité. C’est une invitation universelle à valoriser le patrimoine de proximité avant qu’il ne soit effacé par la modernité.
A l’heure où les algorithmes tentent d’uniformiser nos goûts et nos connaissances, ce livre est un acte de résistance poétique. Il nous rappelle que l’histoire s’écrit dans les ruelles pavées, dans les façades patinées par le temps et dans les récits transmis de génération en génération. Il nous crie, avec une élégance rare : Lisez-moi pour redécouvrir ce que signifie être enraciné dans un lieu, car le génie d’une ville est un fragment du génie humain.
Lisez ce livre pour la beauté de sa langue, pour la profondeur de ses recherches, pour la somptuosité de ses images, mais surtout, lisez le pour retrouver un peu de votre propre humanité dans la richesse inaltérable de Salon-de-Provence. « Salon-de-Provence, Mémoires d’une ville » est plus qu’un livre d’histoire : c’est un vibrant appel à l’amour des lieux.
Danielle Dufour-Verna
Un cœur battant pour Salon-de-Provence
Que l’on me permette de déroger à la froideur de l’analyse pour laisser parler le cœur car cet ouvrage n’est pas un simple livre : c’est une déclaration d’amour érudite, un testament vibrant. Jean-Pascal Hesse, loin de dresser un inventaire poussiéreux, insuffle une âme, capture un souffle, transforme chaque pierre de cette cité provençale en une note d’une mélodie infinie.
Ce que l’on tient entre les mains, c’est la clef d’une chambre des trésors intime. On ne lit pas, on respire Salon. On y croise Nostradamus, dont l’ombre protectrice plane sur les pages, mais aussi le simple savetier, le poète oublié, la lumière filtrant à travers le clocher Saint-Michel. Hesse nous offre l’antidote parfait à l’uniformisation du monde : une identité locale puissante, tissée d’Histoire, de légendes et de ce charme inimitable qui fait battre le cœur du Midi.
Une évasion sensorielle
Salon-de-Provence, terroir unique, est ici dépeinte non pas comme une simple carte postale, mais comme une entité vivante, dont la seule évocation suscite une « irrépressible envie de la parcourir, de se perdre dans ses ruelles aux effluves singulières ». C’est un appel à l’évasion sensorielle avant d’être un ouvrage de documentation.
Un manifeste d’amour
L’ambition, réussie, de Jean-Pascal Hesse est titanesque : il érige ce livre en un véritable « manifeste d’amour ». L’auteur, à la fois érudit et passionné, ne se contente pas de relater la ville ; il la « dédie ». Salon-de-Provence devient, sous sa plume, la « ville provençale dont l’essence et le legs historique trouvent ici un écrin d’une élégance et d’une finesse rares ». On sent, à chaque ligne, cette volonté de transcender le document pour atteindre l’œuvre d’art. Irrémédiablement placé dans le panthéon des auteurs qui ont su « ériger la beauté en sacerdoce et l’histoire en une quête poétique », Hesse ne se contente pas d’informer ; il célèbre, il magnifie. C’est la marque des grands livres et des auteurs de talent.
Une introduction de Prestige : la préface de Nicolas Pagnol
La portée de ce livre est immédiatement soulignée par une préface signée Nicolas Pagnol, petit-fils de l’immortel Marcel Pagnol. Ce parrainage n’a rien de fortuit : il « ancre intrinsèquement le travail de Hesse dans le sol fertile de la grande tradition littéraire et cinématographique de Provence ». Pagnol, dont l’ascendance a puissamment modelé l’imaginaire d’une Provence éternelle et lumineuse, salue ici l’entreprise de mémoire et l’impératif de transmission qu’incarne l’auteur. En invitant Nicolas Pagnol à lever le rideau sur ses pages, Jean-Pascal Hesse tisse une trame indispensable entre le passé glorieux de la région et son présent bouillonnant, soulignant la pérennité de cet esprit provençal.
Une plume ciselée : le sceau de l’Elégance et de la Profondeur
Ce qui frappe immédiatement à la lecture, c’est la qualité stylistique de Jean-Pascal Hesse. Sa plume est ciselée, capable de transcender la simple chronique des beautés locales pour « saisir l’âme véritable » de la ville. Les mots, chez Hesse, ne sont pas de simples outils de description ; ils deviennent de véritables « miroirs fastueux de cette lumière si particulière ». C’est une lumière qui n’éclaire pas seulement les façades, mais qui « sculpte les oliviers noueux et dore les tuiles patinées ».
Le regard d’un historien et d’un artiste
Cette capacité à l’évocation le distingue des autres historiens. Son regard est celui d’un artiste. Chaque pas dans la ville, chaque flânerie, se transforme en une « flânerie d’’esthète au cœur d’un patrimoine vénérable et préservé ». L’auteur, déjà admiré pour ses précédents ouvrages consacrés à des figures emblématiques de l’élégance et de l’art de vivre, comme Pierre Cardin, ou à des lieux mythiques comme Capri et le Lubéron, applique la même exigence de raffinement à Salon-de-Provence. Il déploie une « éloquence raffinée et une précision documentaire jamais didactique ». C’est le paradoxe réussi de Hesse : être à la fois rigoureux dans le fait et lyrique dans la forme, évitant l’écueil de la froideur académique. Le texte est une dentelle, où l’information la plus précise est enveloppée dans une étoffe poétique.
Le voyage sensoriel et la portée intemporelle
Hesse manie une prose soutenue, souvent teintée d’une « légère mélancolie » qui confère à ses écrits une dimension intemporelle. Son écriture est l’antithèse absolue de la superficialité. Il plonge « dans la substance des êtres et des lieux, cherchant à dévoiler leur âme profonde ». Son excellence réside dans l’art de l’évocation, où le mot juste n’est pas utilisé uniquement pour décrire, mais pour « faire revivre ».
Lire Jean-Pascal Hesse, c’’est s’engager dans un voyage sensoriel où les images et les sensations sont indissociables de la trame narrative. Sa plume parvient à fusionner l’histoire et l’esthétisme. Qu’il dépeigne la démarche créative d’un grand couturier ou la « majesté austère d’un paysage provençal », il maintient un équilibre délicat entre l’analyse érudite et la contemplation lyrique. Il ne se contente pas de raconter l’histoire, il la ressuscite. C’est un éloge vibrant de la Mémoire et du Patrimoine.
L’ancrage historique et spirituel : Salon-de-Provence
Le livre s’ouvre sur la ville elle-même, Salon-de-Provence, saisie « au détour des ruelles dallées ». Le temps semble y faire une pause « avec une lenteur méditerranéenne ». La ville révélée n’est pas une simple cité, mais « comme un songe tissé de calcaire et de lumière ». Les images sont fortes, évocatrices : « l’ombre portée des cyprès allonge l’attente tandis que les façades, gorgées de soleil, racontent des vies. » L’architecture n’est pas un décor : elle est le miroir de l’histoire. Le château de l’Empéri, forteresse altière, veille sur la ville, soulignant gravement la majesté du lieu, tandis que le jet d’eau de la fontaine moussue ponctue « la mélodie d’un été éternel ». Salon est cette ville où le mistral souffle les légendes du prophète, un lieu où le parfum tenace de l’authenticité est préservé.
Une promenade littéraire et visuelle
Hesse nous offre une promenade littéraire et visuelle à travers les âges et les quartiers de Salon. L’auteur ancre son récit dans la géographie et l’atmosphère de la ville, célébrant des figures tutélaires, qu’elles soient mythiques comme Les Prophéties ou réelles comme Le Génie Civil et l’excellence aéronautique.
Le livre est, en définitive, une œuvre de maturité qui utilise le prisme d’une ville chérie pour explorer des thèmes universels : l’attachement au sol, la puissance du souvenir et la perpétuation de l’histoire. C’est un hommage vibrant, un cadeau précieux qui séduira autant l’amateur d’art que l’historien éclairé ; une invitation solennelle à découvrir la richesse d’un joyau provençal. Ce livre est une « promenade majestueuse, accessible et essentielle » pour comprendre « l’âme et le cœur d’une cité provençale ».
La rigueur de l’Historien passionné d’Esthétisme
L’œuvre de Hesse est donc une exploration constante de l’héritage et de la transmission. L’historien, doté de la faculté singulière de considérer le patrimoine non pas comme une « relique figée » mais comme une « force vive » qui vivifie le présent. Son écriture, profondément humaniste, place l’humain -l’artisan, l’artiste, l’habitant- au cœur du récit qu’il aborde. Il confère une dignité littéraire aux sujets qu’il traite, élevant le simple essai historique au rang d’essai poétique.
Dans ‘Salon-de-Provence, Mémoires d’une ville », cette approche trouve une résonance particulière. L’auteur, en s’attelant au récit de sa propre ville, mobilise non seulement son talent de chroniqueur, mais également sa mémoire d’enfant du pays, enrichissant l’objectivité historique d’une subjectivité touchante et authentique. C’est un gage d’authenticité et l’un des meilleurs garants contre l’écriture stéréotypée.
Jean-Pascal Hesse allie une rigueur d’historien à une passion pour l’esthétisme. Il crée ainsi des ouvrages qui sont à la fois des références documentaires et des objets visuels luxueux. Ses textes s’appuient sur une iconographie abondante et souvent inédite. C’est une démarche qu’il doit beaucoup à sa collaboration de longue date avec Pierre Cardin (il dirige la communication du groupe depuis 25 ans). Cette démarche lui a permis d’acquérir une expertise unique sur l’histoire de la mode, du luxe et de l’art de vivre, qu’il retranscrit dans ses ouvrages.
Hommages et Légendes : le détail du Patrimoine salonais
Le cœur du livre est un recueil de chapitres thématiques, chacun dédié à un pilier de l’identité salonaise. Hesse prend le temps de détailler les aspects qui façonnent la ville et sa mémoire.
L’hommage vivant à Michel de Nostredame (Nostradamus)
Un chapitre entier est consacré à cette figure emblématique. Hesse raconte comment le pharmacien, médecin et astrologue du XVIe siècle choisit Salon pour lieu de résidence et d’élaboration de ses célèbres Centuries. L’auteur explore la façon dont « l’empreinte de Nostradamus imprègne les vieilles pierres de la ville », transformant sa maison en un sanctuaire et son mythe en une aura mystérieuse qui perdure.
Le livre ne s’arrête pas à la légende, il analyse son impact profond sur l’identité locale.
Le Canal de Craponne : Le Génie Civil
Hesse honore la mémoire de Craponne, le génial ingénieur hydraulique du même siècle que Nostradamus. L’opposition est frappante : tandis que l’un contemple les cieux, l’autre pour déchiffrer l’avenir, l’autre s’attaque à la terre. Face à la sècheresse chronique de la Plaine de Crau, Craponne conçoit et réalise avec une audace et une persévérance rares, le fameux canal de Craponne. Ce chef-d’œuvre d’ingénierie, acheminant les eaux de la Durance pour irriguer les terres arides. Avec « l’incarnation du génie pragmatique provençal », c’est un hommage nécessaire à l’intelligence technique qui a rendu la vie possible.
La Patrouille de France : une signature céleste
L’ouvrage opère un saut temporel fascinant pour se tourner vers l’ère contemporaine en célébrant l’institution emblématique de l’Ecole de l’Air et de l’Espace, par extension la Patrouille de France (PAF). La base aérienne 70, où les pilotes d’élite sont formés, confère à Salon une dimension nationale, voire internationale. Avec ses ballets aériens d’une précision chorégraphique absolue et ses panaches de fumée bleu-blanc-rouge, c’est une vitrine de l’excellence française et elle est devenue, pour les salonais, un symbole permanent de fierté et de modernité.
Hesse intègre cette présence dans le milieu urbain, montrant comment « le rugissement des Alpha jets se fond dans le murmure du mistral et fait partie intégrante du paysage sonore et visuel de la ville.
Le Savon de Salon : un patrimoine Olfactif et Tactile
Un chapitre d’une richesse particulière est consacré à l’héritage savonnerie de la ville, pilier incontournable de la fabrication du véritable savon de Marseille. Hesse décrit comment la proximité du Canal de Craponne (apportant l’eau), la présence d’huile d’olive (en quantité dans la région) et l’accès au sel de Camargue ont créé un écosystème industriel parfait. L’histoire des savonneries salonaises est « un témoignage puissant de l’ingéniosité artisanale et de l’endurance industrielle provençale ». Hesse rend hommage à ces Maîtres-Savonniers, gardiens du procédé séculaire au chaudron. Il démontre que le savon n’est pas un simple produit mais un héritage olfactif et tactile qui relie la ville à la Méditerranée et à l’histoire du commerce.
L’héritage Médiéval et Maritime : le Cœur Ancien
Hesse n’oublie pas les figures historiques marquantes, comme le Bailli de Suffren, grand marin dont la bravoure honore la France.
L’architecture du château de l’Empéri offre le cadre à la narration de l’histoire médiévale et militaire de la cité. C’est la pierre angulaire de la mémoire salonaise, le témoin silencieux de l’évolution de la cité.
Des photographies somptueuses : un ouvrage d’art
Ce qui distingue l’œuvre de Jean-Pascal, c’est également sa dimension esthétique. Il est impossible d’évoquer « Salon-de-Provence, Mémoires d’une ville » sans insister sur la quantité et la qualité remarquable de ses photographies. 264 pages rassemblent le travail de plusieurs photographes talentueux, dont Dominique Laugé, reconnu pour son œuvre sur la beauté du monde et exposé aux Rencontres d’Arles. Les clichés, en noir et blanc et couleur, offrent une immersion visuelle totale. Ici, l’image est une composante essentielle et indispensable à la narration ; elle est choisie, non pour illustrer le texte, mais pour « saisir la beauté de Salon et de son art de vivre », transformant l’essai historique en véritable ouvrage d’art. Elle magnifie les prouesses architecturale, l’atmosphère unique des places ombragées et des allées de platanes, l’héritage des savonniers et de la patrouille de France.
Jean-Pascal Hesse, Courte Biographie
Pour comprendre le livre, il faut comprendre son auteur. Jean-Pascal Hesse est un auteur et historien de formation, né à Salon-de-Provence. Il est particulièrement connu pour être le directeur de communication du groupe Cardin. Titulaire d’une maîtrise d’Histoire contemporaine et d’une licence d’Administration Publique, il s’est également impliqué dans la vie politique, élu successivement à Salon-de-Provence et à Paris, et est adjoint délégué à la culture du VIIIe arrondissement de Paris depuis 2020. Il partage sa vie « entre Paris et la Provence. Son double ancrage - dans l’histoire, la communication et la politique culturelle - lui confère une légitimité unique pour traiter ce sujet.
Un ouvrage d’Art à un plus remarquable
En définitive, ce nouvel opus est une véritable déclaration d’amour à la cité des Bouches-du-Rhône, érigée au confluent d’une histoire médiévale, d’un héritage industriel « et d’une modernité aéronautique. Cet ouvrage s’inscrit dans la tradition des beaux livres de qualité et ne saurait être dissocié de son iconographie somptueuse.
Ce qui est particulièrement remarquable, c’est que cet écrin d’érudition et de splendeur visuelle, doté d’une édition soignée (relié, impression quadri), est proposé à un prix terriblement attractif de 39€.
Dans un marché où les ‘’ beaux livres’’ s’affichent souvent à des prix prohibitifs, cette tarification rend l’accès à un pan de l’histoire et du patrimoine provençal disponible à un large public.
C’est une invitation à la découverte à ne pas manquer.
Un manifeste d’Humanité
Pourquoi un tel ouvrage doit-il résonner au-delà de la France ? Parce qu’il transcende sa géographie. Salon-de-Provence devient, sous la plume élégante de Hesse, l’archétype de la ville européenne millénaire. En plongeant dans les ‘mémoires’ de Salon, le lecteur international apprend à décrypter l’âme de sa propre cité. C’est une invitation universelle à valoriser le patrimoine de proximité avant qu’il ne soit effacé par la modernité.
A l’heure où les algorithmes tentent d’uniformiser nos goûts et nos connaissances, ce livre est un acte de résistance poétique. Il nous rappelle que l’histoire s’écrit dans les ruelles pavées, dans les façades patinées par le temps et dans les récits transmis de génération en génération. Il nous crie, avec une élégance rare : Lisez-moi pour redécouvrir ce que signifie être enraciné dans un lieu, car le génie d’une ville est un fragment du génie humain.
Lisez ce livre pour la beauté de sa langue, pour la profondeur de ses recherches, pour la somptuosité de ses images, mais surtout, lisez le pour retrouver un peu de votre propre humanité dans la richesse inaltérable de Salon-de-Provence. « Salon-de-Provence, Mémoires d’une ville » est plus qu’un livre d’histoire : c’est un vibrant appel à l’amour des lieux.
Danielle Dufour-Verna